Couvents de la Madeleine

Les Couvents de la Madeleine étaient des foyers pour femmes «perdues» en Grande-Bretagne et en Irlande, gérés par différents ordres de l'Église catholique romaine.

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  • Le couvent a été construit au début du XVIIe siècle entre les rues du Périgord et ... 80 pensionnaires, 4 servantes, mais aussi énormément d'élèves externes.... les Hospitalières (rue Rivals), les Religieuses de la Madeleine (rue des ... (source : ac-toulouse)
  • ... Les couvents de la Madeleine virent le jour au cours du 19 siècle.... Ce terme sert à désigner l'ensemble des femmes ayant des relations sexuelles hors... Il souhaite qu'il retrouve une pensionnaire du couvent des Magdalènes.... (source : rayonpolar)
  • La plupart du temps leur histoire au couvent se résume en trois dates : la prise.... Les dames pensionnaires. — Grâce à ce document, nous avons pu dresser des ... Il l'avait eue de sa seconde femme, Marie- Madeleine de Villemareuil.... (source : wissensdrang)

Les Couvents de la Madeleine étaient des foyers pour femmes «perdues» en Grande-Bretagne et en Irlande, gérés par différents ordres de l'Église catholique romaine. Les estimations font état d'environ 30 000 femmes y ayant séjourné, le plus fréquemment contre leur volonté. Le dernier couvent de la Madeleine en Irlande fut fermé le 25 septembre 1996.

Histoire

Les couvents de la Madeleine sont issus du «Rescue Movement» qui prit naissance en Grande-Bretagne et en Irlande au cours du XIXe siècle, qui avait pour but formel la réhabilitation de femmes dites "perdues". Ce terme désignait celles qui avaient eu des relations sexuelles hors mariage, quelle qu'en fut la cause : prostitution, abus sexuels, ou encore sexualité jugée trop précoce. Selon l'ouvrage de Frances Finnegan, "Do Penance or Perish", seule une minorité de femmes admises dans les couvents étaient des prostituées professionnelles. La majorité étaient en fait des filles-mères. Dans leur livre "Women Surviving", Cliona Murphy et Maria Luddy défendent la même thèse.

En Irlande, ces institutions prirent le nom de Marie-Madeleine, personnage de la Bible qui, selon la tradition catholique (et non la Bible) était présentée comme une prostituée, s'étant repentie de ses péchés et devenant l'une des personnes les plus fidèles à Jésus. En Irlande, l'Église s'appropria rapidement le mouvement de Madeleine et les foyers, qui étaient prévus à l'origine pour de courts séjours, devinrent de plus en plus des institutions à long terme. Les pénitentes furent mises au travail, généralement dans des laveries. De même que Marie-Madeleine avait lavé les pieds du Christ en signe de pénitence, les pensionnaires devaient accomplir des travaux de blanchisserie, pour laver symboliquement leur péchés. Cette activité représentait en outre des rentrées d'argent nécessaires à la bonne marche ainsi qu'à l'entretien des couvents.

Au fur et à mesure que le mouvement prenait ses distances avec les idées qui furent à son origine, à savoir sortir des prostituées de la rue et les héberger car leur passé les empêchait de trouver un emploi, les foyers prirent un aspect de plus en plus carcéral. Les sœurs chargées de la surveillance des pensionnaires avaient pour instruction de les dissuader par n'importe quel moyen de tenter de quitter l'institution[réf.  nécessaire] pour, au contraire, les encourager à entrer dans les ordres.

Les registres des foyers montrent que, au cours des premières années, de nombreuses femmes intégraient et quittaient l'institution de leur propre chef, quelquefois à plusieurs reprises. Dans son ouvrage «Reconstitu, Respite, Ritual : An Archæology of Institutions; The Magdalen Society of Philadelphia, 1800-1850», Lu Ann De Cunzo indique que les pensionnaires cherchaient dans ce cas «un refuge à la maladie, la prison, une situation familiale désastreuse, les abus et de mauvaises circonstances économiques.»

À cause de leur passé de prostituées, les pensionnaires étaient reconnues comme ayant besoin de faire pénitence :

«La femme qui n'a jamais connu la pollution d'une seule pensée malsaine, la femme dont l'âme vierge n'a jamais été traversée par l'ombre de la pensée d'un péché, la femme qui respire la pureté, l'innocence et la grâce, reçoit la femme qui respire l'odeur pestilentielle de l'enfer !»[1]

Jusque dans les années 1970, les pensionnaires étaient nommées «filles» et devaient s'adresser à l'ensemble des sœurs comme «mère», indépendamment de leur âge, qu'il s'agisse de la mère supérieure ou d'une jeune novice qui n'avait pas toujours prononcé ses vœux. Ce dispositif permettait de maintenir les pensionnaires dans un état d'infériorité constant.

Pour maintenir l'ordre et une atmosphère monacale, les pensionnaires devaient observer un silence strict tout au long de la journée. «La règle du silence était un point essentiel de la vie de ces femmes et fut tenue longtemps durant la seconde moitié du XXe siècle[2]

Les châtiments corporels étaient monnaie courante et les comportement de type auto-mutilation tout simplement ignorés[réf.  nécessaire] :

«À un tempérament rebelle, fréquemment manifesté par le refus de s'alimenter, on répondra au mieux par le silence. Quand une fille réalise que personne ne prend garde ni ne s'émeut (tout du moins en apparence) de son jeûne forcé, le martyre qu'elle s'impose à elle même lui devient rapidement insupportable.» [3]

À mesure que le phénomène se répandit, il sortit du champ de la prostitution pour toucher aussi les mères célibataires, les jeunes filles dont le développement était retardé et les filles victimes d'abus. Certaines se sont retrouvées internées pour le simple fait qu'elles étaient reconnues comme trop proches des garçons. [réf.  nécessaire] Ceci se produisit à la même période où, en Grande-Bretagne et en Irlande, de nombreuses personnes reconnues comme «handicapés sociaux» furent aussi internés dans des asiles et des foyers.

Les pensionnaires étaient fréquemment internées à la requête de membres de leur famille ou de prêtres. Celles qui n'avaient personne à l'extérieur susceptibles de venir les chercher y passèrent le reste de leur vie. Parmi elles, énormément ont fini par prononcer leurs vœux.

Dans une Irlande à la morale sexuelle conservatrice, les couvents de la Madeleine étaient une institution beaucoup acceptée socialement jusqu'au cœur de la seconde moitié du XXe siècle siècle. En témoignent des expressions courantes, telles que le proverbe "bad girls do good sheets" ("les mauvaises filles font les bons draps"), ou le fait qu'on menaçait les enfants turbulents de les envoyer au couvent.

Ils disparurent avec le changement de mœurs sexuelles, mais également avec la naissance de la machine à laver qui concurrençait leur activité de blanchisserie. Pour Frances Finnegan, «il est probable que l'avènement de la machine à laver y fut pour tout autant dans la fermeture des laveries que le changement de mentalité».

Scandale

On parla particulièrement peu de l'existence des foyers jusqu'à ce que, en 1993, un ordre de sœurs à Dublin vendit une partie de son couvent à un promoteur immobilier. Les restes de 155 pensionnaires, qui avaient été inhumées dans des tombes anonymes dans la propriété, furent exhumés et , à l'exception d'un corps, incinérés puis réinhumés dans une fosse commune. Ceci provoqua un scandale public à l'échelle régionale et nationale. Mary Norris, Josephine McCarthy et Mary-Jo McDonagh, toutes pensionnaires au foyer, témoignèrent sur leur sort. Le documentaire Sex in a Cold Climate, diffusé sur Channel 4 en 1998, interrogea d'anciennes pensionnaires des couvents de la Madeleine qui confirmèrent les incessants abus sexuels, psychologiques et physiques alors qu'elles étaient isolées du monde extérieur pour une durée indéterminée. Les conditions qui régnaient dans les couvents et les traitements subis par les pensionnaires ont été aussi traités dans le film The Magdalene Sisters (2002) de Peter Mullan, beaucoup salué par la critique.

Malgré la constitution d'une commission gouvernementale, l'ensemble des demandes d'indemnisation des victimes sont restées lettre morte.

Sources
  • Frances Finnegan : Do Penance or Perish. A Study of Magdalen Asylums in Ireland. Congrave Press, Ireland, Piltown, Co. Kilkenny (2001). site web officiel.
  • Mary Raftery, et al.  : Suffer the Little Children : The Inside Story of Ireland's Industrial Schools. Continuum Mondial Publishing Group, hardcover, 424 pages, ISBN 0826413374.
  • Cliona Murphy et Maria Luddy : Women Surviving. Dufour Editions, 1990.

Notes et références

  1. Catriona Clear, Nuns in Nineteenth-Century Ireland, p. 153; cité par Finnegan, p. 20
  2. Finnegan, p. 24
  3. Arthur J. S. Maddison, Hints on Rescue Work, A Handbook for Missionaries and Superintendants of Homes (1898) ; cité par Finnegan, p. 31

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